D’après le rapport Céré’Obs publié par FranceAgriMer le 28 juillet, 83 % des surfaces en blé tendre étaient récoltées à date de 24 juillet. Si la moisson demeure bien avancée — en 2021, 42 % des parcelles étaient récoltées à la même période — les derniers hectares ont les pieds dans l’eau, et la paille avec. La saison de paille est-elle fichue pour autant ? Pour y répondre, Web-agri a contacté trois négociants pour bénéficier de leurs conseils avisés.
Marchand de paille au Nord de l’Aisne, Hervé Honoré a encore 100 ha de paille à rentrer sur les 900 ha qu’il presse habituellement. « Il pleut un petit peu tous les jours, et les andains sont épais. Il va falloir un peu de temps pour que ça sèche ! » constate amèrement l’entrepreneur. Car s’il a l’habitude des gros orages, « de mémoire de pailleux, c’est la première année qu’on a autant d’eau sur une si longue période avec de la paille à terre ». Mais la saison n’est pas perdue. « Nous ne sommes que début août, il y a encore des marges de manœuvre. Si nous étions en septembre, ça serait différent », tempère le gérant de Nord Paille.
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— menier jean rene (@menierjeanrene) July 31, 2023
Avec 43mm depuis 1 semaines plus de 120 depuis le début du mois. La récolte du blé vire à la panique pour réussir à le rentrer avec une qualité satisfaisante.
Il y a le grain bien sur mais aussi la paille indispensable pour les #éleveurspic.twitter.com/fQ60EdloG5
Éparpiller la paille
Difficile cependant de miser sur la qualité de la paille à terre. « Il vaut mieux une grosse pluie, que plein de petites averses » note le négociant. Les périodes d’humidité et de séchage successives contribuent à détériorer la capacité d’absorption de la paille, et c’est justement la capacité d’absorption qui est recherchée par les éleveurs qui l’utilisent en litière. Sans évoquer les passages de machines où l’andain a été tassé.
Hervé Honoré conseille aux agriculteurs dans la même situation de redoubler de patience. Avec plusieurs dizaines de millimètres tombés en une semaine, l’humidité a probablement traversé les andains. Dans ce contexte, « il faut d’abord attendre deux jours de soleil pour que le sol sèche, éparpiller les andains pour faire sécher la paille durant deux jours puis la remettre en andain » estime le négociant. Au vu de l’humidité du sol, retourner les andains ne suffira pas. D’autant que si le blé est fauché au ras du sol, la circulation d’air par le dessous de l’andain est faible.
Dans le cas où il ne serait pas nécessaire d'éparpiller les andains, il reste important de retourner la paille sur un sol sec et d'attendre que la première moitié de l'andain soit sèche pour intervenir. Compter un ou deux jours de séchage par moitié d'andain avant le pressage.
Ne pas défibrer la paille
Laurent Roux, négociant dans le Lot a quant à lui fini sa récolte. Mais si ses 6 000 ballots sont actuellement au sec, il a déjà connu des années pluvieuses. « Dans ces conditions, il faut s’assurer d’andainer la surface que l’on est capable de récolter, car plus on retourne la paille, plus on la défibre » explique le gérant de Lot Négoce paille et fourrage. « En travaillant la paille, on la casse, et c’est justement ce qui la rend absorbante, mais elle n’est absorbante qu’une fois ! ». Mieux vaut donc éviter de trop la travailler. « Le but c’est quand même d’avoir un produit qui absorbe ! » résume le négociant.
Difficile cependant de ne pas voir la paille noircir sous la pluie. Sur ce point, Alexandre Muaux, négociant pour Meuse fourrage constate des différences de conservation selon les traitements fongicides effectués. « On voit souvent que les blés qui n’ont pas été traités noircissent plus vite. C’est d’autant plus vrai avec le blé bio : il noircit beaucoup plus vite ». Et plus la saison avance, plus la paille arrive à maturité, plus elle noircit vite. Le choix de la variété joue également sur la conservation du fourrage, certaines étant plus sensibles au développement des mycotoxines. Le choix de l’espèce intervient également. La paille de triticale noircira moins vite que de la paille de blé. À l’inverse, la paille d’orge s’abîme plus rapidement « elle absorbe plus d’eau et sèche moins vite ».
Viser les 12 % d’humidité
Enfin, lorsque les andains sont prêts à être pressés, il est toujours judicieux de s’assurer que le taux d’humidité permette la bonne conservation des ballots. L’idéal est d’avoir de la paille à moins de 12 % d’humidité. À partir de 15 %, mieux vaut arrêter la presse. Pour ce faire, il est possible de mesurer l’humidité des ballots grâce à une sonde. « Compter entre 300 et 500 € pour s'équiper » estime Laurent Roux. Il est aussi possible de vérifier l’humidité de l’andain avec ce type d’équipement en faisant une boule de paille au préalable. Pour les plus gros faiseurs, il est possible d’opter pour un capteur d’humidité embarqué sur la presse « une option qui avoisine les 1 500 € » aux dires du négociant.
Gérer les ballots humides
Tous sont unanimes : mieux vaut de la pluie sur un andain qu’un ballot humide. « S’il pleut plus de 10 mm sur une balle carrée, l’humidité ne partira pas. Même en la laissant plusieurs jours dehors, elle ne séchera qu’en surface » explique Laurent Roux, négociant en paille dans le Lot. Mais cela ne veut pas dire que la paille n’est plus utilisable en litière. « Elle perd surtout en pouvoir absorbant et est plus difficile à éparpiller, mais les éleveurs qui ont une pailleuse pourront s’en servir » précise Hervé Honoré, négociant dans les Hauts-de-France. L’essentiel étant d’écouler les balles avant qu’elles ne chauffent. Au-delà de 30 à 40 mm de pluie, difficile d’utiliser la paille pour l’élevage bovin : les balles risquent de moisir.
Si les références se font plus rares pour les ballots ronds, leur forme arrondie leur permet de mieux résister aux intempéries : le pluie ruissèle davantage sur les parois circulaires. Et c'est d'autant vrai s'ils sont entourés d'un film ou d'un filet.
Assez étrange ce concept de rentrer de la paille par un temps de Toussaint pic.twitter.com/iF3NUsJGnx
— Antoine Thibault (@AgriSkippy) July 31, 2023
L’essentiel est donc de s’assurer d’avoir le temps de mettre les ballots à l’abri lorsqu’on démarre la presse. « J’ai une règle : lorsque je finis de presser au soir, il faut que toutes les bottes soient au moins entassées dans le champ. S’il pleut, seules celles du dessus prendront l'eau » explique l’entrepreneur. Grouper ses ballots par deux, c’est diminuer le risque de perte par deux et faire des piles de dix comme Laurent Roux, c’est diminuer de 90 % ses pertes en cas de pluie !
Author: Jasmine Guerrero
Last Updated: 1699482842
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